Montreux Jazz à Marrakech!

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un Montreux Jazz Festival aux couleurs marocaines-Montreux à Marrakech!

 

C'est fait, l'accord a été signé à Montreux: du 3 au 5 novembre
prochain, Marrakech vivra son 1er Montreux Jazz Festival.
Marrakech vient donc s'ajouter à une liste de plus en plus longue de
villes qui ont accueilli le 'label' MJF.

Cette année, une édition du festival a eu lieu en mars à Singapour. Et
deux autres sont planifiées: l'une à Atlanta (Etats-Unis) du 1er au 4
septembre, une habituée du festival, l'autre à Marrakech (Maroc), le
premier week-end de novembre. Et le 'label' Montreux Jazz Festival a
déjà été exploité dans plusieurs autres villes...

Pourquoi le MJF tient-il tant à s'exporter? «Montreux est une petite
ville de 20.000 habitants. Au cours des 40 ans d'existence du
festival, on a développé différents concepts, et on arrive à une
capacité maximum qui représente à peu près 250.000 spectateurs par
année sur l'ensemble du festival, salles et extérieurs. On ne peut pas
aller plus loin», répond Claude Nobs, fondateur et patron de la
manifestation.

D'où cette approche win-win, comme aiment à dire les gens de
marketing: vendre le nom Montreux Jazz Festival, ce qui permet de
soutenir d'autres événements en leur apportant la réputation, le
savoir-faire et les contacts du MJF, tout en amenant des revenus au
festival et de la publicité à Montreux.

Le choix de Marrakech

D'après Abdelali Doumou, président de la Région de Marrakech,
l'initiative est venue de la ville marocaine. Une ville qui est un
haut-lieu culturel, comme en témoigne le maire de la ville, Omar
Jazouli.

«Marrakech, capitale de plusieurs dynasties, est un carrefour musical:
elle a régné pratiquement du Sud de l'Espagne jusqu'au Sud du Sénégal.
On trouve donc des influences musicales andalouse, arabe, musulmane,
africaine... Or les racines du jazz sont africaines. Il y a donc une
bonne raison d'amener le jazz à Marrakech.»

Pourquoi le MJF, voulant mettre un pied en Afrique, a-t-il opté pour
Marrakech? Claude Nobs, qui souligne également la richesse musicale du
lieu et les échanges artistiques que cette coopération va permettre,
évoque aussi d'autres raisons.

«D'abord parce que c'est tout près. Et puis il y a la culture
francophone, donc les accords sont plus faciles. On a eu des contacts
avec d'autres villes, notamment en Afrique du Sud. Mais Marrakech a
semblé être la solution la plus logique», dit-il.

Par ailleurs, Marrakech est une ville qui connaît un énorme boom
touristique, et notamment un tourisme 'trendy' et aisé. Cela a-t-il
compté dans ce choix, Montreux jouant aussi la carte haut de gamme?
«Absolument. Tout en gardant à Marrakech comme à Montreux des
événements gratuits, et donc une dimension tout public. On ne veut pas
être simplement un festival élitaire», ajoute Claude Nobs.

Développement foudroyant

La ville de Marrakech ne cesse de s'étendre, de développer son parc
hôtelier, de créer des événements culturels - ainsi le déjà célèbre et
très people «Festival international du film de Marrakech» (FIFM). La
ville ocre ne va-t-elle pas trop loin, trop vite, trop fort?

«Marrakech est une ville touristique. Elle représente à elle seule 40%
de la capacité hôtelière du Maroc, une capacité qui augmente encore.
Nous devons donc essayer d'amener le plus de monde possible», répond,
pragmatique, le maire de la ville, Omar Jazouli.

«L'impact de manifestations de ce genre sur Marrakech et le Maroc est
très important, constate de son côté Abdelali Doumou. D'abord, grâce
aux médias et aux visiteurs, cela consolide notre rayonnement au plan
international. Et pour la population locale, cela permet une animation
culturelle. Nous souhaitons avoir un festival par mois à Marrakech».

N'empêche. Marrakech est la ville des contrastes: richesse et
pauvreté, tradition dans la Medina et modernité dans la ville
nouvelle... En agissant ainsi, ne risque-t-on pas de larguer une
importante partie de la population?

«Comme tout pays en voie de développement, on recherche le
développement. Nous sommes dans ce processus et pour nous, ce serait
du luxe que de se dire: 'Attention, ça va avoir des effets
secondaires, il ne faut pas le faire'. C'est un raisonnement qui
s'impose, mais pour nous, c'est trop tôt. Chaque développement, chaque
croissance a des effets secondaires et il faut savoir les gérer, comme
partout», analyse le président de la Région de Marrakech.

Avant d'ajouter: «Pour la population, le développement du tourisme
représente d'abord des emplois. Donc une génération de richesses.
Deuxièmement, c'est de l'animation. Tant que ces populations
bénéficient de cette animation, je ne vois pas pourquoi il y aurait un
rejet. La population rejette quand elle est exclue d'un processus. Ce
n'est pas le cas à Marrakech».



Diversité, comme à Montreux

Du 3 au 5 novembre, des concerts auront donc lieu à Marrakech, mais
aussi à Essaouira, l'ancienne Mogador, au bord de la mer. A Marrakech,
les grands concerts payants se tiendront au Théâtre Royal, et des
concerts gratuits, ouverts à tous, dans la Menara.

Des concerts devraient également être organisés dans plusieurs riads,
des projections seront effectuées sur la fameuse place Jemaa El Fna,
et la vie électro-nocturne se poursuivra quant à elle au club 'Le
Pacha'...

Mais qui nos deux interlocuteurs marocains rêvent-ils de pouvoir
écouter à Marrakech? «J'adore Quincy... il m'a dit qu'il sera en Chine
à ce moment-là, mais on va quand même essayer de voir. Et j'adore
Santana. Le faire venir, ce serait un rêve», répond Abdelali Doumou.
«Pour moi, si Claude Nobs est à Marrakech... tout le monde va le
suivre!», conclut Omar Jazouli.

                                                                                 Bernard Léchot à Montreux.

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